Urbanisation et dynamiques alimentaires urbaines au Sénégal. Habitudes et comportements alimentaires à l’épreuve de la modernité (Dakar, 1930-1945).

Comprendre et développer des problématiques novatrices relatives à l’histoire de l’alimentation en Afrique représente un défi majeur lancé à la recherche historique africaine. Comment se ravitailler en vivres en période de crise, notamment pendant le second conflit mondial (1939-1945) dans une ville stratégique (Dakar) en pleine mutation ? Comment est on passé du couscous au riz ? Comment le pain a-t-il été introduit au Sénégal ? Quelles sont les conséquences de ces dynamiques notamment en temps de crise ? La présente étude tente, sur la base d’une documentation consistante, de répondre à ces questions. Ainsi, sont abordés, à travers le temps, plusieurs themes : l’urbanisation, les dynamiques alimentaires, les changements de goûts et de comportements alimentaires, l’histoire démographique, les modes et conditions de vie. La séquence chronologique en question est rythmée par la crise économique des années trente et le second conflit mondial qui marque le point culminant de la pénurie avec l’institutionnalisation des mesures de rationnement et une réduction drastique des consommations alimentaires.

Elle est aussi rythmée par une série de crises marquée notamment par la tentative manquée du général De Gaulle de rallier la capitale de l’AOF à la France Libre. L’échec des Gaullistes à Dakar amplifie la crise du ravitaillement. En vérité, l’insécurité des voies maritimes, le blocus de la Royal Navy sur Dakar, l’isolement des colonies dans le cocon de l’économie impériale rendirent hypothétique toute suppléance du marché mondial. Le travail est structuré en trois grandes parties. La première analyse d’abord sur les structures des régimes et consommations alimentaires, les logiques de ces structures, les ruptures et permanences au niveau des habitudes alimentaires. La seconde réfléchit ensuite sur la crise alimentaire induite par la crise, guerre et la réduction drastique des consommations. La dernière partie, pour sa part, étudie les conséquences de la crise alimentaire en insistant sur les discriminations et les crises sanitaires.