Dimensions spatiale et sociale des foyers de cuisson de trois localités nigériennes

  • Author: Claire Corniquet
  • Topic: Ethno-archaeology
  • Country: Nigeria
  • Related Congress: 13th Congress, Dakar

La cuisson des récipients en argile est l’une des étapes majeures de la
chaîne opératoire de la poterie. Largement décrite dans les études ethnoarchéologiques
sur la céramique africaine, les chercheurs se sont attachés
à exposer précisément les modes de cuisson ainsi que les types de fours,
fourneaux ou dépressions dans lesquels les récipients sont cuits. Constatons
cependant que la plupart de ces études abordent le processus de cuisson sous
l’angle technique 1 sans réel intérêt pour ce qui se déroule autour du foyer.
Philippe J. Arnold en avait déjà fait le constat au début des années 1990.
S’attachant à mettre en évidence le lien entre l’organisation de la production
et la localisation ainsi que la taille des foyers de cuisson, il n’évoque cependant
pas le mode d’organisation et de gestion du foyer mis en place par
les artisans lors de la cuisson.

A l’occasion d’enquêtes et d’observations menées au Niger dans le cadre
de ma thèse de doctorat, j’ai constaté que l’investissement d’un foyer se décline
sous diverses formes: Un foyer partagé par plusieurs artisans ou occupé
individuellement ; des foyers côte à côte sur un même site ou aux quatre
coins du village ; une cuisson individuelle ou collective. Une multitude de
situations qui mène à penser que cuire dans un foyer sans en changer, partager
un foyer ou cuire ensemble fait l’objet d’un choix qui relève bien plus
que de la bonne cuisson d’un récipient. Certains exemples ethnographiques
font état de cuisson collective et reconnaissent la fonction sociale du foyer
de cuisson. Néanmoins, jusqu’à présent, personne ne s’est encore penché sur
ce que révèle le partage ou non d’un foyer ainsi que d’une cuisson collective
ou individuelle.

Cette communication se propose de présenter les modes d’organisation
de cuisson au sein de trois localités nigériennes : Kordongo, Attari et Mirriah.
Nous tenterons de dégager la spécificité propre à chacune de ces
localités en insistant, par le biais de la fréquentation de l’un ou l’autre foyer,
sur l’ancrage spatial et social des artisans à l’échelle locale. Etablir les relations
qui unissent les artisans qui ont pour habitude de cuire ensemble ; identifier
les tâches de chacun d’entre eux ; mesurer l’incidence d’une cuisson
collective sur les techniques de fabrication ; comprendre pourquoi les artisans
décident de partager ou non un foyer ; évaluer pourquoi ces artisans optent
pour une cuisson collective ou individuelle. Autant de questions qui nécessitent
de se pencher sur le comment afin de saisir le pourquoi.

Nous passerons ensuite à l’échelle macro en établissant la distribution
des modes d’organisation de cuisson identifiés dans les autres localités investiguées
au sein des régions auxquelles appartiennent Kordongo, Attari et
Mirriah. Une approche multi-scalaire nécessaire afin de saisir si le mode
d’organisation d’un foyer est le résultat d’un héritage propre à une localité
ou s’il peut être considéré comme un indicateur d’appartenance et d’ancrage
(social et spatial) historique à une échelle plus large que celle de la localité
villageoise.


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