Représentations historiques et expressions matérielles du pouvoir féminin dans le Bawol à l’ère du contact européen : l’exemple des femmes de Tiep.

Dans l’historiographie sur la Sénégambie, les femmes sont considérées comme les plus grandes perdantes de l’islamisation et de la colonisation française. Ces processus historiques auraient contribué à leur marginalisation et à leur cantonnement dans la sphère domestique. Elles furent également exclues du pouvoir et du contrôle de l’espace. Cette conception est basée sur la tradition orale qui fait état du rôle central, joué par les femmes de la classe dominante dans la transmission du pouvoir et dans les stratégies politiques dans les sociétés hiérarchisées du nord et du centre de la Sénégambie à l’époque précoloniale. Cette place de choix pose la problématique de leur pouvoir au sein de la société ainsi que celui des autres catégories sociales féminines. À travers des recherches archéologiques menées en 2008 sur le Tiep (centre du Sénégal) qui est traditionnellement attribué aux Lingeer, notre objectif est de matérialiser les rôles des femmes dans le Bawol au XVIe-XIXe siècle. L’idée est de repenser la question de leur pouvoir dans les sociétés sénégambiennes à travers une analyse genre de la culture matérielle. Il s’agit de montrer comment la culture matérielle est utilisée dans la construction des rapports sociaux de genre et de classe dans cet espace. Notre but est de vérifier la visibilité de leur pouvoir à travers la gestion de l’espace et des richesses matérielles qui leur étaient octroyés durant la période du XVIIe-XXe siècles. Ainsi il est possible de voir l’interaction entre le social et le matériel à travers les activités économiques, religieuses et politiques où s’expriment et se négocient les rôles masculins et féminins durant la période du contact européen.

Mots-clés : pouvoir des femmes, culture matérielle, espace, contact européen, royaume du Bawol.