Ounjougou (Pays dogon, Mali) : une fenêtre ouverte sur le peuplement de l’Afrique de l’Ouest subsaharienne au Paléolithique moyen.

  • Author: Sylvain Soriano, Michel Rasse, Chantal Tribolo, Eric Huysecom
  • Topic: Older than 250,000 BP,40,000 to 250,000 BP,Archaeometry,Lithic studies
  • Country: Mali
  • Related Congress: 13th Congress, Dakar

L’étude du complexe de sites de plein air d’Ounjougou (Pays dogon, Mali) renouvelle significativement l’image du peuplement de l’Afrique de l’Ouest subsaharienne pendant le Paléolithique moyen. Près d’une trentaine de niveaux archéologiques de cette période ont en effet été identifiés au sein d’épais dépôts pléistocènes, principalement d’origine éolienne, répartis sur une dizaine de km². L’étude géomorphologique des dépôts et le recours systématique aux datations OSL ont permis de caler cette puissante séquence sédimentaire et de dater les nombreuses occupations paléolithiques qu’elle renferme. Les plus anciennes occupations du Paléolithique moyen sont datées de la fin du Pléistocène moyen, autour de 150.000 ans. Elles deviennent plus nombreuses entre 80.000 ans et 25.000 ans, avec une concentration particulière au cours du stade isotopique 3. Par ailleurs, l’enregistrement sédimentaire apparaît suffisamment fin pour proposer une corrélation avec certains événements climatiques abrupts globaux du Pléistocène supérieur. La séquence d’Ounjougou se caractérise d’abord par une fréquence des occupations particulièrement élevée pour le Paléolithique moyen.

La résolution archéo-stratigraphique dépasse ainsi celle des séquences loessiques des plaines du nord-ouest de l’Europe. Au delà de la fréquence des occupations, cette séquence présente aussi une étonnante diversité des industries lithiques, lesquelles se succèdent sans logique apparente. Débitage Levallois, discoïde, unipolaire, laminaire ou encore bipolaire sur enclume alternent ainsi tout au long de la séquence et on observe à plusieurs reprises des industries caractérisées par des pièces bifaciales foliacées. Si la majorité les industries lithiques s’intègrent aisément dans le paysage du Paléolithique moyen ouestafricain, c’est surtout la diversité des traditions techniques et leur alternance rapide qui soulèvent des interrogations. Un tel rythme de changement a t-il des équivalents régionaux ? A-t-il une signification particulière en termes de dynamique de peuplement pour l’Afrique de l’Ouest subsaharienne ? Quels sont les moteurs de ces changements rapides des traditions techniques ?


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