Les populations de l’océan Indien occidental au carrefour d’influences : étude des productions céramiques locales (VIIIe-XVIIe siècle)

  • Author: Noémie Martin
  • Topic: 1000 to 2000 BP,500 to 1000 BP,Pottery studies
  • Country: Mozambique
  • Related Congress: 13th Congress, Dakar

Si depuis une vingtaine d’années, historiens et archéologues spécialistes de la côte orientale de l’Afrique et du monde swahili portent timidement leurs regards sur les recherches archéologiques menées dans l’ensemble comoro- malgache, ces deux espaces culturels que sont le monde swahilo-bantu et le monde malgacho-austronésien ont été étudiés séparément. Les populations de la côte orientale de l’Afrique, des Comores et de Madagascar ont pris part dès le VIIIe siècle aux réseaux commerciaux de l’océan Indien. Les fouilles menées sur les sites localisés de part et d’autre du canal du Mozambique ont révélé la présence, dans leurs niveaux d’occupation, de vestiges similaires qui pointent l’existence de contacts et d’échanges entre ces communautés. Cependant, les récits des géographes et navigateurs arabes du Moyen-Age font état d’une césure entre les communautés est-africaines et celles de l’ensemble comoro-malgache, appréhendant ces dernières dans un continuum géographique et culturel avec les populations de l’Asie du Sud-Est. Aussi, dans le cadre de ma thèse, je me suis intéressée à la question des interpénétrations culturelles entre le monde swahilo-bantu et le monde malgacho- autronésien. En m’appuyant sur un élément de la culture matérielle que sont les productions céramiques locales, j’ai cherché à comprendre dans quelle mesure le monde culturel austronésien s’avançait en direction de la côte orientale de l’Afrique et, inversement, jusqu’où le monde culturel bantu pénétrait l’ensemble comoro-malgache.

Pour tenter d’apporter des éléments de réponse à ma problématique, j’ai choisi d’étudier les céramiques en raison de leur caractère plus ou moins pérenne et parce qu’elles sont un bon marqueur des traditions stylistiques régionales et locales. La céramique est également perméable aux influences diverses et aux innovations techniques et peut, par conséquent, informer sur les aspects sociaux et culturels ainsi qu’économiques et techniques d’une population. Les résultats de mes travaux ont permis de démontré que la rupture géographique et culturelle dénoncée par les auteurs arabes du Moyen-Age entre les communautés de la côte est-africaine et celles de l’ensemble comoro-malgache était démentie par l’existence de correspondances typologiques dans leurs productions céramiques. En parallèle de ces résultats, trois types céramiques ont plus particulièrement retenu notre attention car ils posent question quant à leur origine : la céramique graphitée à engobe rouge,
la céramique à impressions d’arcas et les récipients présentant un décor en relief. D’autre part, j’ai constaté que les traditions céramiques comoriennes présentaient des similitudes morpho stylistiques avec les productions est africaines et les productions malgaches, soulignant une interpénétration des mondes culturels swahilo-bantu et malgacho-austronésien à la hauteur de
l’archipel des Comores.


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