Aux origines de l’empire du Mali le site de Wanda, Entre archéologie et tradition orale.

La région Manding ou Mandé, petit royaume de 20 000 km2 situé au sud-ouest du Mali, est le noyau d’origine de ce qui devint le plus grand et le plus puissant état d’Afrique occidentale, l’Empire du Mali (XIII 9ème-XVIème siècles), qui s’étendait à son apogée de l’Atlantique au Niger actuel et du Sahara aux forêts du Sud. L’histoire ancienne du Mandé, « La grande geste du Mali » – dont la figure emblématique est Soundiata Keïta – a ainsi traversé les siècles, transmise de générations en générations par le biais exclusif de la parole. Mais paradoxalement à la richesse de sa tradition orale, unique à l’échelle du pays voire du continent, le Mandé reste encore largement méconnu sur le plan archéologique. Aussi loin que remonte la mémoire locale, le Wanda est cité comme premier lieu d’implantation des populations dans le Mandé. Cette petite contrée d’à peine 2000 km2 garde les traces de quelques-uns des « 44 villages et 18 hameaux » qui la composaient alors. Après une première mission de prospection conduite en 2007, le site éponyme de Wanda est très vite apparu comme incontournable pour la compréhension de l’histoire de la région Mandé. Considéré par la mémoire locale comme le village d’où tout est parti, le site de Wanda n’a pas été à ce jour perturbé par les activités humaines.

La deuxième campagne de fouille qui vient de s’achever, en étroite collaboration avec l’Institut des Sciences Humaines de Bamako et le Musée National du Mali, a permis la mise au jour d’un important matériel céramique ainsi que de nombreux objets métalliques, ossements d’animaux et matériel de mouture en pierre (broyeurs, fragment de meule). L’observation du matériel et du contexte archéologique laisse apparaître de nombreuses similitudes avec le site de Niani (Guinée), ce qui, associé à l’absence de pipes et l’existence de fusaïoles, conduit à une première proposition de fourchette chronologique comprise entre les Xème et XVème siècles. La fouille venant de s’achever, l’analyse à venir des échantillons organiques et minéraux collectés permettra de proposer des datations absolues. L’analyse du matériel céramique (en cours) devrait permettre de fixer les premières bases des traditions céramiques de cette aire et ainsi d’établir une typo-chronologie, inexistante à ce jour pour le Mandé. Enfin, grâce à la collaboration de Seydou Camara, historien à L’ISH de Bamako, un travail d’enquêtes orales est entrepris, parallèlement à la stricte etude archéologique du site. Aussi, la fouille du site de Wanda conduira certainement à terme à l’établissement de la première chronologie de la région, jouant des deux sources principales qui constituent le point d’ancrage de la connaissance en Afrique : tradition orale et recherche archéologique.